Entamé depuis 2015 au Sénégal, le programme de formation des élus locaux à l’état civil a permis à Amnesty International Sénégal d’arriver aux constatations suivantes :
- le service public de l’état civil est très peu doté de ressources humaines et de moyens matériels et financiers;
- Les acteurs qui interviennent sont pour la plupart des bénévoles, sans formation spécifique préalable;
- Cette situation, combinée à l’ignorance de l’importance de l’état civil par les populations, explique en partie le faible taux d’enregistrement des mariages, des naissances et des décès, dans beaucoup de localités du pays.
Tous ces éléments mis ensemble constituent une réelle menace pour la pleine jouissance des droits et libertés au Sénégal. Pour y remédier, le gouvernement a lancé un programme de renforcement du système d’état civil et de consolidation du fichier d’identité biométrique. Ce programme vise ainsi à construire des centres d’état civil principaux et secondaires et aboutira à une vaste campagne de sensibilisation et de formation des officiers et auxiliaires de l’état civil.
C’est dans ce contexte qu’Amnesty International Sénégal poursuit son programme de sensibilisation en ciblant les élus locaux et les populations afin que ces dernières soient davantage conscientes de leurs rôles dans ce processus. C’est ainsi qu’après la formation des chefs de village du département de Matam, quatre (4) autres sessions de renforcement des capacités au profit des chefs de village se sont tenues du 26 au 28 février 2021.
En partenariat avec la Direction de l’état civil qui a délivré les cahiers de villages, cent dix-neuf (119) participant-es, en provenance des communes de Keur Saloum Diané, Nioro Alassane, Karang, Keur Samba Gueye et Toubacouta commune, ont été formés, à la maitrise de l’état civil à la maitrise de l’état civil pour une effectivité des droits humains et d’une citoyenneté active et participative.
Selon le Président du tribunal d’instance de Foundiougne, Toubacouta est l’arrondissement qui totalisait le plus grand nombre d’enfants non déclarés dans le département de Foundiougne, au regard des chiffres recueillis lors de la dernière audience foraine. Cette situation est causée par la négligence des parents et la participation très faible des chefs de village dans le processus de déclaration.
Les chefs de village, très peu motivés, sans aucune formation ni moyens matériels et humains, ne remplissaient presque pas le rôle à eux reconnu par l’article 51.3 du Code de la famille. Selon cet article, ils sont tenus, à défaut de la déclaration faite par les personnes citées à l’article 51.2 du même code, d’y procéder dans les mêmes conditions et sous peine de sanctions.
Les populations qu’ils administrent, quant à elles, ignorent, pour la plupart, l’importance de l’état civil et négligent les déclarations qu’elles doivent faire auprès des services de l’état civil. Elles doivent s’y rendre régulièrement pour procéder aux déclarations des actes de mariages, de naissances et de décès. Ce qui n’est pas toujours le cas; d’où la pertinence des cibles du programme mis en œuvre par Amnesty International Sénégal
Ces sessions de formation animées par le Président du tribunal d’instance de Foundiougne a permis d’expliquer, dans un langage très accessible aux chefs de village, la procédure établie par la loi sénégalaise pour procéder à la déclaration d’un mariage, d’une naissance et d’un décès. Au delà de situer l’importance du rôle qu’ils doivent jouer dans ce processus, ses interventions ont permis, grâce aux réponses apportées aux nombreuses interrogations des chefs de village, de mieux les outiller à jouer pleinement leur rôle.
Pour accompagner au mieux ce travail et permettre un meilleur accès des villageois à l’état civil, Amnesty International Sénégal a remis à chaque chef de village un cahier de village. Ces cahiers permettent de recenser les naissances et les décès dans chaque village. Avec l’engagement pris par chacun d’eux de se rendre régulièrement auprès de l’officier d’état civil du centre d’état civil de leur circonscription pour faire enregistrer les actes, une solution durable sera vite trouvée.
D’autres départements bénéficieront de cet accompagnement tout au long de l’année.