Manifester
Manifester est un moyen pour les individus d’exprimer leurs points de vue, elle permet de faire pression sur les dirigeants et d’ébranler les pouvoirs mis en place par le biais de mobilisation. Au vu des crises que rencontre le monde tel que les conflits armés, les inégalités grandissantes, et bien d’autres encore, Amnesty internationale œuvre pour que les États sachent que manifester est un droit et non un privilège. Elle soutient donc tous ceux et celles qui veulent faire entendre leur voix par des mouvements de contestation à travers une campagne mondiale qui dénonce les extractions liées aux manifestations.
Nous avons le droit de manifester !
Manifester est un droit ! Elle fait partie des droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique. Divers traités internationaux leur confient une protection complète. Exercer le droit de manifester permet la revendication et la promotion de tout type de droits, garantis par le droit international relatif aux droits humains.
Avec l’évolution du numérique, l’écart avec le monde physique est minime. C’est donc un espace de rassemblement collectif où la coordination des grèves et marches se fait et mérite aussi d’être respectées au même titre que les manifestations physiques. Ainsi, la répression à travers les censures, la surveillance de masse ou l’interruption d’Internet par les autorités sont illégales.
Les autorités étatiques ont le devoir de respecter, de défendre et de faciliter les manifestations en mettant à disposition des voies et moyens pour un déroulement pacifique. Il est vrai qu’un rassemblement de plusieurs personnes peut engendrer des perturbations ; mais les autorités et sociétés doivent le tolérer, car l’espace urbain n’est pas qu’une zone de circulation, mais aussi un lieu de participation. Ainsi, la forme, le moment et le lieu choisi par les organisateurs d’une manifestation doivent être respectés et en cas de restrictions, les autorités ont la charge de faciliter le déploiement en proposant par exemple des alternatives acceptables.
Le CDH (Conseil des Droits de l’Homme) et d’autres mécanismes de défense des droits interpellent les États à être strict sur les actes de violences exercés lors d’une manifestation. En cas de trouble par un petit nombre, les autorités doivent les neutraliser afin de protéger les manifestants pacifiques. Des sanctions sont donc applicables pour les récalcitrants tout en observant bien évidemment les droits fondamentaux. Pour qu’une interdiction ait lieu, il faut des preuves de violences généralisées. Toutefois, il est important de souligner que cette liberté n’est pas absolue et peut être restreinte pour la protection des droits d’autrui.
Pourquoi devons-nous protéger les manifestations ?
Les manifestations non-violentes sont un moyen d’expression et de revendication dans l’espace public en vue de dénoncer les lois et conditions de vie inappropriées, la mauvaise gouvernance, la corruption, l’injustice. Depuis le siècle dernier, les mouvements de libération et de justice gagnent du terrain et se diversifient. Comme manifestation célèbre, nous avons entre autres la marche du sel de 1930 en Inde, les mouvements #Blacks lives matter, #MeToo.
Cependant, ces dernières décennies, les personnes au pouvoir ou les entreprises ont pris conscience de l’importance des manifestations pacifiques et créées des obstacles pour les empêcher. Les personnes qui osent s’exprimer se voient dissuader, réduits au silence et sont sujets à des poursuites avec des applications abusives des lois pénales, civils et administratives en leur intentant des procès de diffamation et autres chefs d’accusation avec pour conséquence des dommages et intérêts disproportionnés. Amnesty International au vu de la menace des manifestations, lance sa campagne mondiale “protégeons les manifs” afin de soutenir les manifestations et les causes portées par les mouvements sociaux en faveur des droits humains
Les tendances mondiales en termes de mobilisation
Une vaste étude, portée sur l’analyse de données relatives montre que les manifestations de masse ont augmenté de 11,5 % par an entre 2009 et 2019. Entre 2017 et 2021, environ 2 tiers de tous les pays avaient au moins une telle action, selon les données du Global Protest Tracker. Les publications d’Amnesty reflètent aussi ces observations et dans le rapport annuel “la situation des droits humains dans le monde” portant sur 160 pays, l’inquiétude se situe au niveau du recours à la force excessive à l’égard des manifestants dans 85 des 150 pays étudiés.
Les manifestations attaquées
Le durcissement du maintien de l’ordre est dû au fait que les autorités prétendent que les manifestations sont un danger pour l’ordre public et qu’elles peuvent renverser un gouvernement ; d’où l’invocation de la sécurité publique pour les limiter à travers des lois sévères avec des arrestations arbitraires et le recours à la force illégale.
Quant à la militarisation, Amnesty International mène des investigations depuis les années 2000 sur ce phénomène notamment l’application des lois dans le contexte des manifestations pacifiques. Elle se matérialise par un arsenal d’équipement militaire (véhicules blindés, grenades assourdissantes) ; l’utilisation des armes à létalité réduites (matraque, gaz lacrymogènes). Les plus touchés sont les groupes marginalisés et minoritaires.
Dans les pays ou les manifestations doivent être validé par les gouvernements, on note que ces derniers refusent de donner leur aval en trouvant des excuses. Ainsi, au Sénégal, toute manifestation politique est interdite dans le centre de Dakar depuis 2011. Une interdiction jugée illégale par la cour de justice de la CEDEAO.
“Protégeons les manifs” d’Amnesty International
Amnesty International appelle les gouvernements à cesser les discours stigmatisant vis-à-vis des manifestants et d’abroger toutes les lois qui compromettent les droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique