Sénégal. Chefs de village et officiers d’état civil collaborent à Ziguinchor

A Ziguinchor, les périodes d’examen constituent un calvaire pour les parents d’élèves, obligés de faire le pied de grue devant les services d’état civil. Leurs enfants devant passer l’examen de fin de cycle, il faut décrocher procéder à la déclaration de l’enfant à l’état civil. En d’autres occasions, c’est les femmes en instance de divorce qui doivent produire un certificat de mariage. Il faut battre la semelle selon l’expression coutumière consacrée, puisque le document n’avait pas été préalablement établi. Par ailleurs, ce sont les héritiers qui entreprennent des démarches pour obtenir un acte de décès. Dans leur situation, ils doivent compléter un dossier d’héritage lors d’une procédure judiciaire.

Chacune de ces situations est courante dans la région de Ziguinchor et crée la hantise au niveau des populations. Même si elle dénote d’une certaine négligence de ces personnes, les défaillances dans la gouvernance de l’état civil à Ziguinchor. En plus d’un service très peu loti en matière d’infrastructures, les agents et auxiliaires d’état civil restent mal rémunérés et ne reçoivent pas la formation adaptée.

Ainsi, les taux de déclaration des naissances, mariages et décès à l’état civil restent très faibles et impactent la jouissance de divers droits humains. Il en est ainsi des droits économiques, sociaux et culturels tels que les droits à l’éducation, à la santé, à la sécurité sociale ainsi que des droits civils et politiques.

Fidèle à sa mission de promotion et de protection des droits humains, Amnesty International Sénégal déploie un programme qui vise à « promouvoir des déclarations à l’état civil des naissances, mariages et décès ». A cet effet, un atelier de formation a réuni, le 24 mai 2022, cent vingt (120) chefs de village et délégués de quartier du département de Ziguinchor.

Etre inscrit-e à l’état civil, c’est d’abord exister

Présidant la cérémonie d’ouverture, l’adjoint au préfet a informé les participants de l’enrôlement de 3000 enfants lors d’audiences foraines cette année. Malgré cet effort cependant, un bon nombre d’enfants restera sans acte de naissance. C’est pour lui, tout l’intérêt de cette rencontre qui permettra de juguler à court, moyen et long terme, les manquements notés dans la gestion de l’état civil. La formation tend également à réduire le nombre d’enfants non déclarés à la naissance dans le département de Ziguinchor.

La première adjointe au maire de Ziguinchor a quant à elle, salué cette démarche d’Amnesty International Sénégal en soulignant que l’état civil reste au rang des priorités pour l’équipe municipale de Ziguinchor.

Le Directeur d’Amnesty International a, lors de son speech exprimé toute son inquiétude au regard des manquements notés dans la gestion de l’état civil. Il a rappelé l’importance de l’acte de naissance dans la vie de l’enfant et pour le développement économique politique, social mais note que soixante années après l’indépendance, la situation n’ait pas évolué. Il espère toutefois qu’avec la formation des acteurs en étroite collaboration avec les autorités étatiques, des changements positifs seront bientôt visibles.

Un magistrat pour rappeler les fondamentaux aux chefs de village

Avec l’intervention d’un magistrat, juge au tribunal d’instance de Ziguinchor, les chefs de village ont été initiés aux fondamentaux des procédures d’enregistrement à l’état civil. Le juge Abdourahmane Diallo, qui animait la session a rappelé le rôle que la loi confère aux chefs de village et délégués de quartier en cette matière. Il les a tout autant sensibilisé sur l’importance de l’état civil pour l’Etat, les collectivités locales et les citoyens.

De l’avis des participants, cette rencontre a été une très belle opportunité d’échanges entre les différents acteurs qui interviennent sur l’état civil dans le département de Ziguinchor. Les éclairages que les formateurs ont apporté aux participants leur permettront de jouer pleinement le rôle qui est attendu d’eux. C’est ce qui ressort évidemment des premiers commentaires exprimés à la fin de la session.

Comme pour les accompagner dans l’exercice pleine et entière de leurs fonctions, Amnesty International Sénégal, avec l’appui de la Direction de l’état civil, a procédé à la distribution de cahier de village. Le juge a saisi cette occasion pour détailler le mode d’emploi du cahier de village et rappeler les relations de travail qui doivent exister entre le chef de village ou le délégué de quartier et l’officier de l’état civil.

A la fin de la rencontre, les participants ont à l’unanimité salué l’organisation de ce séminaire. Certains parmi eux ont d’ailleurs exprimé leur engagement pour les droits humains et ont rejoint l’organisation en qualité de membre ou de sympathisants.

La même session a été par la suite été organisée à Oussouye avec une centaine de chefs de village et délégués de quartier et à Sibassor ensuite où une soixantaine de chefs de village et délégués de quartier ont pris part à la même formation.