L’Administration pénitentiaire formée à protéger les droits des détenus
Amnesty International Sénégal, en partenariat avec la Direction de l’administration pénitentiaire et Open Society Initiatives for West Africa, ont démarré un programme national de renforcement des capacités du personnel pénitentiaire aux cadres juridiques de protection des droits des détenus.
La première phase de ce programme démarrée les 21 et 22 décembre 2021 à Dakar, a réuni soixante-six (66) agents et cadres venant de différents établissements pénitentiaires du Sénégal. L’atelier s’inscrit dans le cadre d’un effort continu visant à aider le personnel de l’Administration pénitentiaire à une meilleure prise en charge des droits grâce au renforcement des capacités des agents en contact avec des détenus.
Dans le système judiciaire sénégalais, l’Administration pénitentiaire est chargée de la mise en exécution des décisions judiciaires prononçant une peine privative de liberté ou ordonnant une incarcération provisoire. Elle s’occupe également de la garde et de l’entretien des personnes placées ou maintenues en détention à la suite d’une décision de justice.
Rendre disponible le règlement intérieur de la prison
S’exprimant à l’ouverture des travaux, le directeur d’Amnesty International Sénégal Seydi Gassama passe en revue les problèmes qui affectent aussi bien les détenus que les agents de l’administration pénitentiaire. Il relève notamment la faiblesse des budgets alloués aux prisons, la vétusté des locaux, le dépassement des capacités d’accueil des maisons d’arrêt et de correction ainsi que les longues périodes de détention préventive.
Même si la pratique de la torture demeure très rare en milieu pénitentiaire, il reste que des cas de mauvais traitements y sont enregistrés bien qu’ils font l’objet d’un traitement judiciaire approprié. C’est pourquoi Amnesty International Sénégal, à travers son directeur, exhorte le personnel pénitentiaire à faire examiner les personnes privées. Ces mesures préventives permettent d’anticiper ou faire prendre en charge les allégations de torture ou de mauvais traitements qui pourraient leur être imputées.
Amnesty International Sénégal exhorte également l’Administration pénitentiaire à amplifier ses actions en vue d’une meilleure connaissance du règlement intérieur des prisons. Régulièrement évoqué par les activistes, la disponibilité de ces textes, affichés ou distribués aux pensionnaires, peut concourir au bon respect des règles et pacifier l’espace carcéral.
A sa suite, le Colonel Jean Bertrand Bocandé, directeur de l’administration pénitentiaire note avec enthousiasme le partenariat avec Amnesty International Sénégal dans la prise en charge des droits des détenus. Malgré la surpopulation carcérale connue de tous, le gouvernement œuvre de manière permanente à la sécurité globale dont la prise en charge des droits humains est une composante.
Le gouvernement continue d’humaniser les prisons
C’est ainsi qu’un ensemble de mesures ont été prises en vue d’humaniser davantage les prisons. Il en est ainsi de la formation du personnel de l’administration pénitentiaire avec un module en droits humains dans le programme de formation des élèves à l’école d’Administration pénitentiaire, de la construction de nouveaux bâtiments dans les établissements pénitentiaires, de la réhabilitation de locaux ainsi que l’équipement des établissements pénitentiaires en literie de qualité ou l’érection de chambres avec des lits superposés à Sébikhotane, à Koutal et prochainement à Sédhiou, Mbour et Bignona.
Poursuivant, le directeur de l’administration pénitentiaire évoque l’augmentation de l’indemnité journalière qui est passée de 600 à 1152 francs CFA, une qualité des repas et la prise en charge sanitaire intégrale. Il s’y ajoute le démarrage sur une période de trois ans, d’un projet de réalisation de 72 édifices judiciaires dont 9 établissements pénitentiaires avec des chambres ne dépassant pas 10 pensionnaires
.Les droits humains influent positivement sur le système pénitentiaire sénégalais. Ils en deviennent une pratique intégrante dans la mesure où les objectifs en matière de droits humains et la mission pénitentiaire sont complémentaires. Conscients de l’utilité et du caractère impératif du respect des droits humains, l’administration accueille avec beaucoup d’intérêt cette session de formation.
Approche droit basée sur la prévention
Pendant deux jours, les agents et cadres de l’administration pénitentiaire ont largement débattus des thématiques suivantes
- L’interdiction absolue de la torture, en tout temps et en tout lieu,
- Les règles d’engagement de la force et des armes autour des principes de nécessité, de légitime défense, de proportionnalité
- La gestion des incidents en milieu carcéral ainsi la primauté des droits des détenus
- Les mécanismes de protection des détenus en prison et hors de la détention.
Les sessions ont été animées par des inspecteurs de l’administration pénitentiaire, des spécialistes du maintien de l’ordre, des directeurs de maison d’arrêt et de correction et des magistrats.