Nous nous battons pour nos vies
Discours de Greta Thunberg prononcé à l’université George Washington, Washington D.C.
Merci à toutes et à tous. C’est un honneur pour moi de me retrouver en présence d’un si grand nombre de personnes époustouflantes. Applaudissez-vous !
Ce prix revient à ces millions de personnes, de jeunes, qui dans le monde entier, ensemble, forment le mouvement Fridays for Future. Tous ces jeunes courageux qui luttent pour leur avenir. Un avenir qu’ils devraient pouvoir considérer comme acquis.
Hélas, force est de constater que ce n’est pas le cas.
En continuant de nous comporter comme si de rien n’était, nous nous dirigeons tout droit vers un monde où plusieurs milliards de personnes auront à quitter leur foyer, contraintes au déplacement. Un nombre incalculable d’entre elles se verront privées des conditions de vie les plus élémentaires. Et de vastes pans de la planète deviendront inhabitables pour les êtres humains.
Ceci n’est un secret pour personne : cette situation se traduira par des conflits de grande envergure et de graves souffrances. Pourtant, le lien entre, d’une part, l’urgence climatique et écologique et, d’autre part, les mouvements migratoires massifs, la famine, les violations des droits humains et la guerre, n’est pas évident pour nombre d’entre nous.
Les changements et les politiques nécessaires pour s’attaquer à la crise sont tout simplement absents aujourd’hui.
C’est la raison pour laquelle chacun et chacune d’entre nous doit faire pression par tous les moyens possibles pour amener les personnes responsables à rendre des comptes, et les dirigeants à agir et à prendre les mesures qui s’imposent.
Nous, qui tous ensemble formons le mouvement Fridays for Future, nous battons pour nos vies. Mais nous nous battons aussi pour nos futurs enfants et petits-enfants, pour les générations futures, pour chaque être vivant sur cette Terre, une Terre dont nous partageons la biosphère, dont nous volons la biosphère, dont nous dégradons la biosphère.
Nous nous battons pour tout le monde. Pour vous.
Pour les personnes vivant dans les régions déjà touchées par les conséquences des premiers stades de l’urgence climatique et écologique.
Celles qui respirent un air toxique, celles qui boivent de l’eau contaminée, celles qui sont obligées de fuir leur foyer en raison de catastrophes climatiques et environnementales.
Les communautés autochtones dont les terres et les eaux ont été détruites. Les populations dont l’approvisionnement en nourriture et en eau est menacé par les catastrophes naturelles, les périodes de sécheresse plus intenses et plus fréquentes, les pluies, les tempêtes ou la fonte des glaciers. Des nations entières sont aujourd’hui dévastées ou disparaissent sous le niveau des mers et des océans en hausse constante.
Des gens meurent. Pourtant, nous sommes encore si nombreux à continuer de détourner le regard.
Le monde n’a jamais connu une telle menace pour les droits humains. C’est en ces termes que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Michelle Bachelet, a évoqué la crise climatique à l’occasion de la session du Conseil des droits de l’homme tenue récemment à Genève.
Elle a ajouté que les économies de chaque pays ; les structures institutionnelles, politiques, sociales et culturelles de chaque État ; et les droits de notre peuple tout entier – et des générations futures – seraient touchés.
Elle s’est exprimée avec la clarté dont nous avons précisément besoin de la part des gouvernements et des dirigeants.
À l’heure actuelle, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter rapidement. La destruction des habitats naturels se poursuit à une vitesse terrifiante en dépit des belles paroles et des promesses de nos dirigeants.
Nous continuons d’avancer dans la mauvaise direction et ce, à vive allure. Tirer le frein de secours peut sembler impossible et pourtant, c’est ce que nous devons faire.
Cela dit, j’ai l’impression que nous assistons aujourd’hui à un éveil des consciences. Même si ce n’est qu’à petits pas, le rythme s’accélère et le débat évolue.
Cela s’explique par beaucoup de raisons différentes, mais surtout en raison des très nombreux militants et militantes, en particulier des jeunes.
Le militantisme, ça marche.
Alors ce que je vous demande de faire maintenant, c’est d’agir. Personne n’est trop petit pour faire changer les choses.
J’engage chacun et chacune d’entre vous à participer aux grèves mondiales pour le climat, les 20 et 27 septembre.
Et, une dernière chose… À très vite, dans la rue.