Sénégal. En prison aussi, les droits humains existent

Des centaines de personnes ont répondu ce vendredi 6 septembre 2019 à l’appel des mouvements / organisations de la société civile à une marche pacifique. Le respect des droits humains dans les prisons sénégalaises constitue un sujet de préoccupation de beaucoup d’acteurs. C’est la raison pour laquelle, de la Place de la Nation au rond point en face du siège de la télévision sénégalaises, les manifestants se sont fait entendre.

Les longues détentions préventives et la mise sous mandat de dépôt systématiques restent aujourd’hui les principales causes de la surpopulation carcérale. Il est urge d’y remédier rapidement par un renforcement des moyens de la justice, notamment par la mise en place de nouveaux cabinets d’instruction. Il a également été demandé aux parquets de cesser la pratique du placement sous mandat de dépôt de façon systématique.

D’anciens détenus, des membres de leurs familles ainsi que des personnalités politiques et publiques ont pris part à la marche. Des slogans comme “Prison jomboul kéneu” (Chacun pourrait se retrouver un jour en détention), “prisonniers dou maala” (un prisonnier n’en demeure pas moins un humain) ont été scandés par les manifestants pour demander des conditions plus dignes pour les personnes privées de liberté.

La presse a largement couvert la manifestation, laquelle a été sanctionnée par une déclaration conjointe ci-dessous signée par dix (10) organisations et mouvements.

Déclaration finale

La maison d’arrêt de Rebeuss, à l’instar des autres établissements pénitentiaires du Sénégal, est vétuste, surpeuplée et les conditions de détention dans cette prison ne répondent plus aux normes et standards internationaux. Cette prison est devenue un mouroir pour les détenus parmi lesquels un grand nombre de prévenus jouissant de la présomption d’innocence.

Nous demandons à l’Etat de prendre des mesures urgentes pour construire de nouveaux établissements pénitentiaires et réhabiliter ceux qui ne sont pas en état de dégradation avancée.

Nous exigeons la résolution immédiate de la question des longues détentions provisoires par le recrutement de magistrats en nombre suffisant ainsi que l’adoption des peines alternatives à l’emprisonnement pour certains détenus condamnés.

L’introduction du bracelet électronique, annoncée au mois de décembre 2018 doit être diligentée et des instructions claires doivent être données au parquet de privilégier le placement sous contrôle judiciaire, lorsque les conditions sont réunies comme c’est souvent le cas, aux placements sous mandat de dépôt systématiques.

Nous demandons enfin une enquête indépendante et impartiale pour faire la lumière sur la mort des détenus Cheikh N’diaye, 18 ans et Babacar Mané, 19 ans le 27 août 2019 à la prison de Rebeuss afin que justice soit rendue.

  • Pour la fin de tous les abus contre les détenus et pour le respect de la présomption d’innocence des personnes placées en détention provisoire ;
  • Pour l’instauration d’un juge des libertés et de la détention ;
  • Pour le renforcement du volet réinsertion sociale dans les prisons sénégalaises.

Dakar le 06 septembre 2019

Ont signé :

  • FRAPP France dégage
  • Y’en a Marre
  • Amnesty International Sénégal
  • La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme
  • La Ligue Sénégalaise des Droits Humains
  • La Société Internationale des Droits de l’Homme/Sénégal
  • Forum du Justiciable
  • Gilets Rouges
  • Cos M-23
  • Nitou Deug