Détention de Pape Alé Niang, une entaille à la liberté de presse
Alors que Pape Alé Niang, journaliste et directeur de Dakar Matin, a été placé en détention provisoire le mercredi 9 novembre pour avoir diffusé une vidéo live sur le réseau social Facebook, nos organisations appellent à sa libération immédiate et sans condition.
Dans cette vidéo diffusée le 6 novembre dernier, il montrait un rapport interne de la Gendarmerie nationale qui faisait état d’irrégularités dans la procédure judiciaire pour viol contre l’opposant politique Ousmane Sonko. Pape Alé Niang a été arrêté le même jour et accusé, selon son avocat, Me Ciré Clédor Ly, de « divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale ; recel de documents administratifs et militaires ; diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ».
« Pape Alé Niang n’aurait jamais dû être arrêté ni détenu, simplement pour avoir diffusé ce document. Nous appelons les autorités sénégalaises à respecter la liberté de la presse et des médias, de protéger les lanceurs d’alerte, et nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Pape Alé Niang » a déclaré Alassane Seck de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH).
La Coalition des associations de presse (CAP) a vigoureusement condamné l’arrestation de Pape Alé Niang et dénoncé les pressions croissantes des autorités étatiques sur les journalistes sénégalais.
« La liberté d’expression et celle de la presse sont consacrées par la constitution sénégalaise et la Charte africaine des droits et des peuples de l’Union africaine. En cherchant à réduire au silence les journalistes par des arrestations arbitraires, les autorités violent les principes et textes auxquels elles-mêmes ont adhéré », a déclaré Sadikh Niass, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO).
« La sécurité nationale et l’ordre public ne doivent pas être utilisés abusivement pour torpiller la liberté d’expression ou le droit à l’information. Nous demandons aux autorités de respecter le travail journalistique et de ne pas contraindre les journalistes à divulguer leurs sources d’information, ni pénaliser des lanceurs d’alerte rendant publics des informations d’utilité publique », a dit Seydi Gassama, directeur général d’Amnesty International au Sénégal.
Complément d’information
Ces dernières années, les journalistes au Sénégal ont souffert des restrictions et autres violations des autorités sénégalaises dans l’exercice de leur métier.
Le 5 novembre dernier, selon la Coalition des associations de presse (CAP) des membres de la police ont exercé des violences physiques à l’encontre de Fatou Dione, vidéaste du site d’informations Buur News, qui assurait la couverture médiatique d’une manifestation interdite par le préfet dans le centre-ville de Dakar.
En mars 2021, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) avait suspendu Walf TV et Sen TV pendant 72 heures au motif que ces deux chaînes de télévision avaient diffusé en direct des images de manifestations ; le CNRA ayant considéré qu’en agissant de la sorte elles s’étaient livrées à une « apologie de la violence » et à une « couverture irresponsable de la situation ».
Dans la même période, les autorités avaient restreint l’accès à Internet et aux réseaux sociaux à l’approche d’une manifestation prévue à Dakar.