La Commission femme d’Amnesty international Sénégal a organisé le vendredi 25 novembre 2022 un panel sur la thématique le traitement judicaire des violences sexuelles sur les femmes au Sénégal.
Cette activité a réuni environ 40 participants représentant des organisations de défense des droits des femmes, des médecins, des avocats, des magistrats et commissaires de police. Elle s’inscrit dans le cadre du lancement de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. L’objectif était de susciter une réflexion sur les mécanismes et procédures judiciaires de traitement des violences sexuelles en vue d’une meilleure prise en charge des victimes;
À l’entame de son discours, Docteur Dialo Diop, Représentant du Directeur d’Amnesty International Sénégal a relevé l’importance du panel et la pertinence du thème y relatif au regard de l’actualité récente. Il a également plaidé pour le respect de la dignité des femmes et l’abolition de toute forme de violence faite à leur encontre. Il a terminé en remerciant les divers acteurs présents et en priant pour l’atteinte des objectifs fixés par Amnesty International dans la lutte contre les violences exercées sur les femmes.
La parole a été par la suite donnée à Madame Oumou Kalzoum Ndiaye, laquelle a commencé par saluer l’initiative de ce panel et a continué en soulignant les efforts consentis par Amnesty International Sénégal dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes.
À son tour, Docteur Aminata Diagne, Gynécologue chargée d’intervenir sur la question de la prise en charge médicale des cas de viol, a commencé son allocution en mettant en exergue la définition de l’OMS de la notion « d’acte sexuel ». Dans cette logique, elle a évoqué les articles 320 et 320 bis qui définissent successivement le viol et la pédophilie et précisé que les gynécologues emploient plus le terme « abus sexuel » que celui de viol.
Le Dr Diagne est également revenue sur les différentes étapes relatives à la prise en charge médicale des cas de viol pour insister sur l’aspect psychologique de la prise en charge qui revêt un caractère essentiel. La victime, surtout mineure, est traumatisée et souvent réticente lors de l’examen. Et d’ailleurs, elle indique toujours examiner la victime mineure devant sa mère pour qu’elle se sente plus en sécurité. Néanmoins, elle encourage aux parents de veiller davantage sur leurs enfants et de ne pas confondre parfois les saignements dus aux transformations physiologiques de leurs filles à d’éventuels cas d’abus sexuel. Pour finir, elle a déploré le manque de moyens auquel les structures sanitaires font face et sollicité un appui financier et matériel de la part des acteurs gouvernementaux.
Accueil et écoute des victimes à la police et la gendarmerie
De son côté, le Commissaire Abdou Kitane a intervenu sur le sujet suivant : L’accueil et l’écoute des victimes dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie. Monsieur Kital a mis l’accent sur l’accueil souvent inélégant et inapproprié réservé aux victimes de viol dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie ; ceci, selon lui, n’aide nullement ces dernières qui subissent une double violence. Il attire ainsi l’attention sur la nécessité de former les personnels de police et de gendarmerie, d’insérer plus de femmes dans ces institutions, d’aménager des cellules prévues pour recevoir ces cas de viol et enfin, d’adopter des codes de conduite communs.
Traitement pénal des cas de violences sexuelles
Le troisième sous-thème, qui portait sur le traitement pénal des cas de violences sexuelles, a été abordé par le Magistrat Maha Barry. Ce dernier a préféré retenir la définition du viol donnée par le CICR. Il a souligné le fait que le travail du juge d’instruction qu’il est, dépend essentiellement des procès-verbaux des policiers et des gendarmes, faute de temps pour mener des enquêtes plus poussées. D’ailleurs, il a relevé les limites que ces procès-verbaux comportent et toutes les difficultés qu’il a pour évacuer à lui seul plus de 500 dossiers. Il a encouragé ainsi le gouvernement à recruter plus de magistrats pour une meilleure prise en charge judiciaire. En outre, monsieur Barry a rappelé les questions fréquentes lors de l’audition des victimes de viol. Il a aussi souligné qu’il n’est pas nécessaire de toujours systématiquement mettre sous mandat de dépôt les personnes accusées de viol et a mis en exergue les cas de fausses accusations dont les mobiles sont diverses.
Assistance psychologique des victimes de violences sexuelles
Enfin, ce fut le tour de la psychiatre Docteur Maimouna Dieye de parler sur l’assistance psychologique des victimes de violences sexuelles. Docteur Dieye a insisté sur l’accompagnement psychologique des victimes de viol du fait du traumatisme qu’elles subissent. Elle a corsé sa plaidoirie en évoquant des cas d’inceste qu’elle a eu à traiter. Elle a exhorté les personnes à dénoncer ces cas d’abus car le silence peut laisser plus de séquelles chez la victime.