Amnesty International Sénégal, en partenariat avec l’Union départementale des femmes pour le développement de Foundiougne (UDFDF) a organisé du 25 au 26 novembre 2022 un forum communautaire sur les enjeux et défis liés à la protection des droits humains et de l’environnement dans le contexte de l’exploitation pétrolière dans le Delta du Saloum.
Le delta du Saloum est un écosystème tropical de mangroves, riche en biodiversité, qui fournit des moyens de subsistance à plus de 100 000 habitants. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis une décennie, la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum avec ces 334.000 ha est classée, depuis 2008, premier site Ramsar transfrontière en Afrique.
Malgré ces richesses, son écosystème est actuellement sous pression en raison du changement climatique et de l’utilisation non durable des forêts de mangrove. Cela a entraîné des problèmes d’érosion côtière et de salinisation, menaçant le développement local dans la région (Wetlands International, 2019). A ces facteurs, s’ajoutent, les potentielles menaces du projet d’exploitation pétrolière du projet de Sangomar.
En effet en 2014, la plus grande découverte de pétrole à l’échelle mondiale a été effectuée au large de Sangomar par la compagnie pétrolière Cairn Energy et ses partenaires. La capacité du gisement est estimée à 2,7 milliards de barils en raison 100 000 barils jours attendus des puits de Sangomar en fin 2023.
Ces découvertes aux potentielles externalités positives sur la croissance économique du pays, présentent de graves risques environnementaux de toute l’écorégion ouest-africaine, si les activités en offshore ne sont pas bien encadrées. En effet, parmi les risques figurent les marées noires, les déversements accidentels de pétrole, les rejets des déblais de forage, la pollution du fond marin, la destruction des habitats marins, les explosion ou d’éruption majeure, etc.
Autant d’enjeux attestent à suffisance la nécessité de tenir en compte les potentiels impacts au vue de l’importance des biens et services écosystémiques de la mangrove dont dépend la population du Delta, excellant essentiellement dans l’ostréiculture, l’apiculture de la mangrove, la cueillette des fruits de mer, la pêche, l’exploitation du sel, la transformation des produits halieutiques, le tourisme écologique, etc.
L’exploitation attendue du pétrole aura un impact certain sur le site, les activités socio-économiques qui s’y déroulent ainsi les droits humains des communautés. Afin d’agir à titre préventif et soutenir les communautés qui devront faire face aux impacts, Amnesty International Sénégal et ses partenaires ont tenu un forum de deux jours avec des experts de divers domaines.
Pour le directeur d’Amnesty International Sénégal, il est crucial de trouver un bon équilibre entre le besoin d’exploiter les ressources naturelles et l’exigence de respecter les droits humains, notamment l’enviromment et les droits des communautés. Dans cet optique de préparation, il est crucial d’assurer la formation des jeunes afin qu’ils puissent bénéficier des opportunités d’emploi liées à l’exploitation du pétrole dans le Delta du Saloum.
Et donc à l’image du lycée technique de Kédougou dans le domaine minier, un établissement similaire devrait également être ouvert à Foundiougne pour former les jeunes aux métiers du pétrole. Cette formation des jeunes doit également être complétée par la mise en place de plan de développement dans les collectivités territoriales afin de mieux orienter les ressources issues du pétrole dans les besoins des populations
A l’initiative de l’UDFDF, l’atelier a réuni plus de 80 participants en provenance de diverses localités du département de Foundiougne. Ont été particulièrement visés, des les groupements féminins et de jeunes, des organisations de la société civile, des associations de pêcheurs et femmes transformatrices de fruits de mer, sans oublier les élus locaux et l’administration territoriale.
Président la cérémonie d’ouverture, le sous-préfet de Djilor, représentant le Préfet du département de Foundiougne a évoqué les différentes mesures prises par le Gouvernement du Sénégal pour faire de l’exploitation du pétrole une opportunité pour les populations. Il a évoqué notamment les concertations qui ont eu lieu pour arriver à une exploitation qui va donner vie à l’objectif de créer une société solidaire qui tend vers l’émergence. Cela passera par le développement du consommer local, de la préférence locale.
Durant deux jours, des experts ont tour à tour évoqué les problématiques liés à la protection des droits humains, de l’impact sur l’environnement, de la répartition des revenus et du contenu local. Un plan d’action multi acteurs a été développé et sera mis en oeuvre avec la participation de tous.