Une centaine d’enfants talibés bénéficient d’une consultation médicale gratuite
Les droits des enfants à jouir d’un meilleur état de santé possible, tant physique que mental, doit être une considération primordiale. L’article 24 de la Convention relative aux droits de l’enfant relève que les Etats ont l’obligation de garantir qu’aucun enfant ne soit privé du droit d’avoir accès aux services de santé.
Le Sénégal, à l’instar des autres Etats, est donc tenu de prendre des mesures allant dans ce sens. Dans la pratique, ces mesures s’avèrent toutefois ineffectives dans la mesure où l’on y constate une violation flagrante du droit à la santé des enfants talibés. En effet, les enfants mendiants vivent dans des conditions d’hygiène et de précarité préjudiciables à leur santé.
La malnutrition, l’absence d’eau potable, le manque d’hygiène constaté dans les écoles coraniques sont autant de risques de maladies chez les enfants talibés. S’y ajoutent des difficultés financières et matérielles auxquelles sont confrontées les maitres coraniques. Ils peinent ainsi à assurer aux enfants talibés, une subsistance.
Bien que le gouvernement du Sénégal a déployé un ensemble de programmes de soutien socio-économiques comme la couverture maladie universelle, les enfants talibés ne sont pas bénéficiaires et peinent donc à se faire soigner lorsqu’ils tombent malades. Par ailleurs, les conditions de leur participation à la vie sociale devant leur permettre de stimuler leurs capacités et de vivre une vie pleine et satisfaisante, ne sont pas non plus garanties.
Afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des enfants talibés, une journée de consultation médicale gratuite a été organisée le dimanche 18 juin 2023 dans le département de Keur Massar.
L’activité a été organisée en collaboration avec le daara Oumar Ben Khatab à Malika et les daaras Thierno Bassirou Tall et Darou Mousti à Keur Massar. Au total, cent deux enfants talibés ont été consultés par les médecins mobilisés à cet effet. Ils ont pu être ainsi déparasités et les autres enfants talibés souffrant de gale ou de caries dentaires ont pu bénéficier d’une prise en charge plus poussée.
Cette manifestation a également été marquée par la présence du chef de village, de maitres coraniques, de “ndeyou daaras” et d’élus locaux notamment le représentant du maire de la Commune de Malika. La présence de ces autorités locales a permis d’évoquer les conditions de séjour des enfants dans les daaras, notamment les effets du non-respect des mesures d’hygiène.
Elle a également permis de les engager dans le plaidoyer pour l’adoption du projet de loi portant statut des daaras. A cet effet, l’imam Moustapha Cissé du daara Oumar Ben Khatab a évoqué la nécessité d’une franche et sincère collaboration entre des organisations comme Amnesty International Sénégal et les maitres coraniques. Ces derniers restent des acteurs incontournables dans le processus de prise de décision sur l’avenir des enfants talibés au Sénégal.
En effet, le processus d’adoption du projet de loi portant Code de l’enfant fait l’objet de débats depuis plusieurs années sans que les acteurs ne puissent trouver un compromis sur le contenu. La faible inclusion des acteurs clés dans le processus est régulièrement évoquée par plusieurs parties prenantes intéressées par la question. En tous les cas, la nécessité d’avoir une règlementation claire et pour le bénéfice exclusif des enfants doit continuer à motiver les uns et les autres à instaurer une meilleure gestion du phénomène de la mendicité des enfants
Le projet de lutte contre la mendicité des enfants talibés est développé et mis en oeuvre grâce à un partenariat entre Amnesty International Sénégal et le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme à Dakar.