Etat civil: Amnesty forme et accompagne 247 chefs de village
Le point focal du Comité Départemental pour la Protection de l’Enfant (CDPE) de Sédhiou, a indiqué qu’environ mille trois cent dix (1310) élèves, en classe d’examen n’avaient pas d’acte de naissance.
Au niveau national, l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) situe le niveau d’enregistrement à 37,7% alors qu’au niveau des décès, les estimations se situent à 89,9%. Ces données en disent long sur la lancinante question de la déclaration des événements qui marquent nos vies ; qu’il s’agisse de la naissance, du mariage ou des décès.
Cette situation compromet le droit à la nationalité consacré par l’article 15 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et, d’une manière générale, l’effectivité des droits humains. Elle influe également sur une meilleure planification des politiques publiques puisque l’absence de statistiques fiables constitue un frein au développement local.
Afin d’atténuer ces conséquences fâcheuses sur les individus et la communauté, Amnesty International Sénégal a entrepris un vaste programme de sensibilisation sur l’état civil. C’est ainsi qu’en partenariat avec la Direction de l’état civil au Ministère des Collectivités locales et de la Décentralisation des chefs de village ont été formés à la bonne tenue de l’état civil.
Du 17 au 20 juin 2021, les chefs de village des arrondissements de Diendé, Diyabouya et Djirédji se sont retrouvés à Sédhiou. Présidant la cérémonie d’ouverture, le Préfet du département a réaffirmé aux chefs de village leur rôle en la matière. Au-delà de veiller à l’application de la loi ou de conduire les actions de développement et de protection de l’environnement, le chef de village doit tenir à jour les cahiers de l’état civil.
Ce rôle central dans la préservation des droits fondamentaux des populations a conduit Amnesty International Sénégal à assurer, de concert avec les autorités administratives et judiciaires une série de formation. Les sessions de formation ont été assurés par des magistrats notamment les présidents des tribunaux de grande instance de Kolda et Sédhiou.
Ils sont tour à tour, revenus sur la procédure d’enregistrement que doit suivre le chef de village. A ce titre, lorsque 30 jours après la naissance de l’enfant, la déclaration n’est pas faite par le père, la mère, les proches parents ou le personnel médical, le chef de village est tenu de le faire. La déclaration devra être faite par ses soins auprès de l’officier d’état civil dans les 15 jours qui suivent l’expiration du délai, sous peine d’une amende de simple police de 2.000 à 5.000 francs.
Pour les accompagner au mieux, Amnesty International Sénégal a remis un cahier de village à chaque participant. Ces cahiers seront utilisés pour enregistrer les naissances et les mariages survenus dans le village. Ils seront ensuite déposés auprès de l’officier d’état civil compétent qui procédera aux enregistrements dans les registres de l’état civil de la mairie.
Au total, deux cent cinquante-deux (247) chefs de village du département de Sédhiou ont été formés à la bonne tenue des cahiers de village. Avec leur participation aux activités de sensibilisation des populations, comme suggéré par les autorités judiciaires, ils parviendront à jouer pleinement leur rôle dans la déclaration des actes d’état civil, en toute rigueur et dans les délais requis.
Amnesty International Sénégal continuera à accompagner ce processus par une série d’émissions radiophoniques en langue mandingue au niveau des radios communautaire du département de Sédhiou.